Le métier de forgeron
Les forgerons vivaient souvent dans les villages alors que la plupart des autre métiers, comme les tisserands ou les meuniers vivaient plutôt à l'extérieur des villages.
Le métier de forgeron se décline en différentes spécialités : maréchal ferrant, serrurier, faiseur de cercles, faiseur de charrue, maréchal, chaudronnier, maréchal des forges,... A travers les différents relevés, certaines personnes exercent plusieurs de ces métiers, comme par exemple forgeron et serrurier, il est difficile de dire s'il on n'est que serrurier ou forgeron avec une spécialité reconnue de serrurier.
Le fer, matière première des forgerons, est assez courant dans toute l'Europe et même en Françe. Mais sa qualité est très variable (du fait du pourcentage de fer dans le minerai, mais aussi des impuretés que ce minerai contient). S'il existe un forgeron quasiment dans chaque commune, il existe peu de sites d'extraction du minerai et de production du fer. Aussi chaque aciérie a ses spécialités, mais aussi le fer qu'elle produit est très caractéristique.
L'acier et la fonte sont semblables. Ils sont principalement constitués de fer et de carbone, ce dernier étant produit à partir du charbon. C'est le pourcentage important de carbone, au delà de 6% qui transforme l'acier en fonte. Les aciéries ont vu se produire peu à peu les révolutions technologiques pour la production d'alliages divers : par l'emploi de différents métaux d'adjonction, l'acier acquiert des propriétés bien particulières et adaptées aux nouveaux besoins. Pour les forgerons, la matière première est chère. Chère à la fabrication car elle nécessite beaucoup de bois (puis du charbon). Chère pour les hauts fourneaux qui fabriquent le fer à partir du minerai. Puis chère au transport à cause du poids qu'elle représente.
L'origine des métiers du fer remonte loin dans l'histoire, et même jusque dans la préhistoire. Entre le XIème et le XVème siècle, il était rare que la forge appartienne au forgeron : elle appartenait au seigneur local, qui en possédait les droits et en récupérait les bénéfices en y plaçant un forgeron salarié. Même entre 1600 et la Révolution, certaines forges restent la propriété soit d'un noble, soit d'un bourgeois qui en a acheté les droits.
Depuis toujours, le métier de forgeron exerce un attrait important sur les autres habitants du village. A cela plusieurs raisons :
Tous les paysans, mais aussi la plupart des autres métiers ont un besoin indispensable du forgeron pour leurs outils. Même si la plupart d'entre eux essayent d'être autonomes, la réparation d'un araire ou d'une roue de charrette nécessite rapidement tout l'appareillage du forgeron.
Certainement aussi, le fait qu'étant situé dans le village, il est connu de tous. On peut supposer que l'hiver, l'atelier du forgeron réunit souvent les villageois : c'est un des rares lieux correctement chauffé. En cela il devient une source d'informations pour les paysans qui n'habitent pas dans le village et viennent faire réparer leurs outils ou ferrer un cheval.
Et c'est très certainement un métier "noble", peu accessible à la majorité des villageois, car l'investissement est lourd pour fabriquer la forge et acheter l'ensemble des outils.
Contrairement aux métiers comme le meunier, le tisserand, les tailleurs d'habits, ... la clientèle des forgerons ne leur apportait pas la matière première, sauf quand il s'agissait de faire des réparations. Il s'ensuit qu'il y avait nettement moins de conflits pour établir le prix et moins de suspicion de vol à l'encontre du forgeron
Ce dernier est indispensable, puisque par son métier, il pourvoie autant les autres métiers du village que les particuliers :
ferrage des chevaux, et donc fabrication des fers
fabrication des cerclages des roues des charrettes,
fabrication des cercles pour le tonnelier,
serrures et quincaillerie
fabrication des divers araires, ainsi que tous les outils des champs : faux, faucille, râteau, houes, ...
fabrication des divers outils pour les jardins : pelle, pioche, fousou, bêche, fourches,...
crémaillères, broches, tisonniers, moines, ...
Saint Éloi est le patron des forgerons. Conseiller de Dagobert, Éloi commence sa vie en reprenant le métier de son père : forgeron. Il s'enrichit en passant du métier de forgeron à celui d'orfèvre (notamment en frappant la monnaie royale), puis en réalisant des travaux d'orfèvrerie d'art (les trônes du roi Clotaire). C'est à la mort de Clotaire que son successeur, le roi Dagobert, le nomme son conseiller et lui fournit une rente très lucrative. A la mort de Dagobert, Éloi entre dans les ordres, devient évêque, puis utilise sa fortune pour construire des églises, évangéliser le nord de la France et de l'Europe, et aider les paysans à s'affranchir.
Le maréchal ferrant
Concernant les maréchaux-ferrants, leur corporation est très ancienne, avant le XIIIème siècle certainement. Jusqu'au début du XVIIème siècle, seuls les maréchaux-ferrants et par extensions les forgerons, avaient le droit de soigner les animaux qu'on leur amenait pour effectuer le ferrage. A noter que le ferrage des chevaux est apparu en France vers l'an 500, grâce aux invasions barbares du nord. Il est fort probable que cette invention fut longue à se propager dans toute la France et surtout dans le monde paysans, où l'usage des chevaux dans l'agriculture était rare et l'usage du ferrage des bovins tout autant.
En fait, dans la nature, les chevaux n'ont pas besoin de fers, la corne du sabot poussant de manière constante à raison de près d'un centimètre par mois. Mais les chevaux utilisés dans les champs, et plus encore ceux qui servent aux transports (des personnes et des biens) sur les routes, voient l'usure des sabots se faire plus rapidement que le remplacement naturel. Le ferrage du cheval devient indispensable sinon celui-ci doit être inemployé le temps que la corne se refasse. Mais à l'inverse, comme la corne continue à pousser, il faut régulièrement remplacer le fer, les pointes qui le fixent se trouvant dans les parties fragilisées et anciennes du sabot. C'est aussi pour cela que les fers étaient régulièrement perdus par les animaux.
Le serrurier
Concernant le métier de serrurier, s'il est plus ou moins commun avec celui de forgeron, il en était autrement dans les villes. Ainsi les premières traces de la corporations des serruriers remontent au début du XVème siècle. Louis XIV, en 1652, consolidera les statuts de cette corporation. La corporation de serrurier étendait le métier à la fabrication de tout un ensemble de pièces de métal, les balustres et balcons, les portails et mêmes des pièces pour maintenir la charpente d'une maison. Les statuts de leur profession stipulaient qu'un ouvrier n'avait pas le droit d'ouvrir une serrure en l'absence du maître serrurier ou du propriétaire de la serrure. Les serruriers avaient mauvaise réputation auprès de la population. Là encore, les statuts essayaient de faire regagner la confiance en imposant, par exemple, qu'un serrurier n'aie pas le droit faire une clef s'il n'avait pas, au préalable, fabriqué la serrure correspondante.
Le chaudronnier
Concernant les chaudronniers, on trouve trace de leur corporation au début du XVIème siècle, lorsque Louis XII confirme leurs statuts. Beaucoup de chaudronniers étaient ambulants dans nos campagnes, car en plus de vendre leurs fabrications, ils allaient de ferme en ferme pour réparer sur place les chaudrons usagés et surtout récupérer les vieux chaudrons pour en recycler le cuivre.
Le charron
Les charrons ont été intégrés dans la confrérie des forgerons en 1706, mais ils devinrent rapidement autonomes à causes des conflits qui survinrent entre les deux professions, les forgerons plein de vanité rabaissant leur métier. Pourtant le métier de charron était un métier très complet, et dans les campagnes les paysans appréciait beaucoup leurs aide. Les charrons connaissant aussi bien les techniques du charpentier, du menuisier que du forgeron. De nombreux conflits éclataient lorsque les confréries de ces métiers surprenaient un charron qui ne s'occupait pas exclusivement de charrettes. Les charrons ont une patronne, Sainte Catherine et ont pour emblème une roue.